A. (Intitulé de la première sous-partie)
B. (Intitulé de la seconde sous-partie)
A. (Intitulé de la première sous-partie)
B. (Intitulé de la seconde sous-partie)
Arrêter des subdivisions constituant un ensemble cohérent. Pour chacune de vos divisions et subdivisions, l'ordre selon lequel seront présentées les différentes questions que vous y faites entrer, doit être rigoureux et logique. Cela signifie que ces divisions, bien qu'elles demeurent distinctes, doivent former un ensemble : il ne faut pas creuser un fossé entre chacune d'elles. Il importe de préciser que trop de divisions et subdivisions empêchent, de suivre le développement, car pour suivre, il faut garder le plan toujours présent à la mémoire, et comment le faire si ce plan est un arbre aux rameaux touffus ?
Dégager du sujet l’idée générale, fondement du plan. Examinez quelles sont les questions que vous avez désignées pour être spécialement développées. Elles doivent être réparties entre les grandes divisions de votre travail. Il en faut au moins une dans chacune des parties. Cet examen va déjà probablement vous guider quant au plan à adopter.
Dans toute la mesure du possible, le plan doit être commandé par l'idée générale qui domine le sujet . Ce sont les branches de cette idée qui doivent vous donner la trame. Et tout est parfait si ces deux branches s'opposent.
La recherche de l'originalité ne doit pas toutefois vous conduire à l'obscurité . La première qualité d'un plan est d'être fondée sur une idée claire, facile à saisir et à retenir.
Si vous ne pouvez pas dégager de votre sujet une idée générale susceptible de servir de base à votre plan, vous avez bien des chances de tomber dans un plan « passe-partout ». Efforcez-vous alors de 1'« habiller », ou plutôt de le « déguiser », en choisissant un intitulé qui le rajeunira, en le dissimulant derrière un semblant d'idée générale.
Souvent l'intitulé même du sujet paraît contenir un plan. N'adoptez ce plan sans réfléchir longuement, car le plus souvent, il ne vaut rien. Par exemple, si on vous demande d'exposer « les avantages et les inconvénients » d'une institution, n'adoptez jamais cette division, qui vous exposerait à des redites.
C'est, en effet, une règle absolue à respecter : ne jamais choisir un plan tel qu'il oblige à reprendre dans la seconde partie ce qui a été développé dans la première et inversement.
Lorsque vous avez à comparer deux institutions, ne consacrez pas la première partie à l'une et la seconde à l'autre, pour vous contenter dans la conclusion de relever les ressemblances et les différences. Tout votre travail doit être, dès le début, consacré à comparer. Cherchez donc les idées générales qui gouvernent la comparaison ou les points principaux sur lesquels le rapprochement des deux institutions présente un intérêt, et bâtissez là-dessus votre plan.
Lorsque vous avez à faire une étude critique d'une institution, un plan « passe-partout» consiste à montrer, dans une première partie, comment fonctionne cette institution en soulignant ses inconvénients, pour tracer les remèdes à apporter, dans une seconde partie où l'on placera l'étude des projets déposés et du droit comparé. Essayez de trouver mieux en tachant de fonder votre plan sur une idée générale.
Autre règle : il n'y a pas qu'un seul plan possible par sujet. On peut en découvrir souvent un grand nombre qui sont acceptables ; les rechercher et en comparer les mérites constitue un excellent exercice.
Annoncer avec cohérence l’enchaînement des divisions . Vous avez adopté une division. Vous l'avez annoncée, en la justifiant, à la fin de votre introduction. En abordant la première partie, indiquez le titre de cette partie. Puis, avant d'écrire l'intitulé de la première sous-partie, annoncez, dans un « chapeau » de deux ou trois lignes les sous-parties qui vont être traitées dans la première partie.
Enfin, entre les sous-parties et, surtout, entre les parties, il convient d'effectuer une rapide transition. Transition qui vous permettra d'établir, voire de justifier, le lien entre les développements qui précèdent et ceux qui vont .suivre. Ces transitions révèlent la cohérence de votre plan, attestent la logique de votre démonstration. Elles ont donc une importance primordiale et vous permettront, lorsque vous les rédigerez, de vérifier la qualité de votre plan.
Formellement, la structure formelle de votre travail doit donc apparaître de la façon suivante:
|
| |
| |
C. La conclusion
Justifier l’exactitude des idées développées . Il vous reste maintenant à conclure. La conclusion doit contenir le résultat de votre travail. Résumez donc l'essentiel de ce qui se dégage de votre étude. Sans doute, vous avez déjà, dans l'introduction, signalé les idées générales qui gouvernent le sujet. Mais, à ce moment-là, vous les avez simplement annoncées, sans les justifier. Vous avez demandé que l'on vous fasse crédit. Maintenant, vous avez tenu votre pro messe et vous vous justifiez de l'avoir tenue. Ce que vous devez faire apparaître dans la conclusion, c'est donc précisément que vous avez démontré l'exactitude des idées avancées, que ces idées découlent de vos développements.
III. Rédaction
Rédiger clairement et avec rigueur . Vous avez consacré la première heure au travail préliminaire (compréhension et détermination du sujet). Consacrez les deux autres à la rédaction. Suivez votre plan pas à pas. Annoncez-le dès la fin de l’introduction. Cherchez avant tout à être clair. Pour y parvenir, choisissez les termes exacts : le langage juridique est un langage précis et tâchez d'écrire des phrases élégantes (surtout ne rédiger pas en style télégraphique) : posez nettement les questions que vous examinez ; présentez avec force les arguments que vous faites valoir et défiez-vous de la subtilité, car elle est l’ennemi de la rigueur et de la clarté.
Efforcez-vous d'écrire lisiblement (ne parlons pas de l'orthographe : vous êtes censé la connaître ; mais n'oubliez pas qu'une méconnaissance trop grande de ses règles est susceptible de vous conduire à un échec). Que votre plan saute aux yeux du lecteur : pour cela, n'hésitez pas, soit à souligner dans le texte les titres de votre division principale, soit à les faire déborder dans la marge (ex. : I. Caractères. II. Effets). Mais n'abusez pas de cette méthode : votre composition ne doit pas ressembler à un tableau synoptique. Qu'elle soit « aérée » et non compacte : n'hésitez pas à aller à la ligne chaque fois que vous abordez une question nouvelle. Avant de vous dessaisir de votre copie, relisez-la.
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Publié le 26 novembre 2018 par Justine Debret . Mis à jour le 7 décembre 2020.
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Debret, J. (2020, 07 décembre). Exemple de dissertation juridique. Scribbr. Consulté le 24 juin 2024, de https://www.scribbr.fr/dissertation-fr/exemple-dissertation-juridique/
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Droit pénal général
Mots-clefs : Infraction, Élément moral, Animus necandi, Contradiction de motifs, Meurtre, Intention de tuer
La chambre criminelle censure de la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel pour contradiction de motifs, les juges d’appel n’ayant pas tiré les conséquences de leurs propres constatations.
L’affaire soumise à la chambre criminelle prend naissance dans un règlement de compte entre adolescents. Une jeune fille avait demandé à son cousin d'intervenir à la suite d'une altercation qui l'avait opposée à l’un de ses camarades lors d'un cours de sport. Ledit cousin s’est donc rendu en compagnie d’un ami devant le lycée pour agresser l’adolescent âgé de seize ans. À la suite du décès de ce dernier consécutif aux violences exercées notamment, à l'aide d'un couteau, les deux individus ont été interpellés puis mis en examen du chef d'assassinat. La jeune fille, qui avait sollicité leur intervention, a été mise en examen du chef de complicité de ce crime. À l’issue de l'information, le juge d'instruction, a renvoyé les intéressés devant la cour d'assises des mineurs, des chefs d'assassinat et complicité d'assassinat. Infirmant partiellement la première décision, la chambre de l'instruction les a renvoyés devant la juridiction de jugement, non sous la qualification d’assassinat et complicité d’assassinat mais sous la qualification de coups mortels aggravés, et complicité de ce crime, déniant la caractérisation de l’intention homicide, nécessaire pour qualifier le meurtre avec préméditation.
La décision est censurée par la chambre criminelle pour contradiction de motifs. Elle reproche aux juges d’appel de n’avoir pas tiré les conséquences de leurs propres constatations. En effet, ils ne pouvaient écarter l’homicide volontaire et qualifier de coups de mortels les faits en retenant d’une part, que le prévenu « a utilisé un couteau dont la lame, par sa longueur, pouvait provoquer la mort », et a frappé sciemment au niveau du thorax, qui constitue une zone vitale », tout admettant d’autre part, que « l'intention d’homicide, contestée par les mis en examen, ne résultait d'aucun élément du dossier ».
Comme le rappelle avec évidence le professeur Mayaud, « l'auteur d'un meurtre se défendra toujours de ne pas avoir voulu la mort de la victime, même s'il avait l'intention d'attenter à son intégrité physique » (Mayaud, rép. pén, meurtre n° 64). Au-delà de la volonté des actes violences, la présence ou l’absence d’une intention homicide, comprise comme la volonté de tuer (Crim. 8 janv. 1991, n° 90-80.075), permet notamment de distinguer le meurtre d'autres infractions ayant également la mort pour résultat tel que les violences mortelles. Dans ce dernier cas, les coups et de blessures volontairement exercés ont pour résultat la mort alors qu'elle n'a pas été voulue par l'auteur de l'infraction.
La preuve directe de l’ animus necandi , est complexe à établir en soi, voire impossible. La jurisprudence a donc établi une méthode inductive, basée sur le comportement de l’auteur. Ainsi, « la Cour de cassation veille à ce que l'intention meurtrière soit restituée à partir de circonstances suffisamment expressives de sa réalité » (Mayaud, préc.). Dans cette perspective, elle reconnaît que l’utilisation d’une arme dangereuse et l’atteinte dans un endroit particulièrement vulnérable du corps constituent des charges suffisantes de l'existence de l' animus necandi (Crim. 5 févr. 1957. Crim. 13 nov. 1990, n° 90-85.438. Crim. 18 juin 1991, n° 91-82.033.Crim. 6 janv. 1993, n° 92-83.316).
En l’espèce, les juges du fond relevaient deux éléments significatifs d’une volonté meurtrière : l’usage d’un couteau dont la lame, par sa longueur, pouvait provoquer la mort, et la zone vitale frappée sciemment. Ces éléments permettent de présumer cette intention. Les juges du fond ne pouvaient donc pas dans le même temps affirmer que cette intention ne résultait d'aucun élément du dossier sans se contredire !
La Cour suprême n'affirme pas l'intention meurtrière dans cet arrêt. Loin de là. La présomption d’ animus necandi établie par les juridictions d’instruction ne préjuge pas de la décision relevant de la souveraineté de la cour de renvoi, à qui reviendra de dire si, oui ou non, une telle intention peut être retenue.
Crim. 15 mars 2017, n° 16-87.694
■ V. fiche d’orientation Dalloz : Élément moral de l’infraction
■ Crim. 8 janv. 1991 , n° 90-80.075 P, RSC 1991. 760, obs. G. Levasseur ; ibid. 1992. 748, obs. G. Levasseur ; ibid. 1993. 100, obs. G. Levasseur.
■ Crim. 5 févr. 1957, Bull. crim., n° 110.
■ Crim. 13 nov. 1990 , n° 90-85.438 P, RSC 1991. 345, obs. G. Levasseur.
■ Crim. 18 juin 1991 , n° 91-82.033, RSC 1992. 73, obs. G. Levasseur.
■ Crim. 6 janv. 1993 , n° 92-83.316, RSC 1993. 773, obs. G. Levasseur.
Auteur :C. L.
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Par Maxime Bizeau, Avocat de formation, diplômé de l'école d'avocats du Barreau de Paris
Connaître la méthodologie de la dissertation juridique , c’est bien. Mais avoir un exemple de dissertation juridique entièrement rédigée, c’est encore mieux !
C’est tout l’intérêt de cet article. Vous trouverez ci-dessous un exemple de dissertation juridique pour le sujet suivant : « Chacun a droit au respect de sa vie privée ».
Le but est de vous aider à comprendre à quoi doit ressembler une dissertation juridique et comment il faut rédiger sa dissertation.
Vous remarquerez également, à travers l’exemple de dissertation ci-dessous, que la dissertation est bien un exercice de démonstration (et pas un simple recopiage du cours).
Sans plus attendre, c’est parti pour la dissertation !
A l’ère de la presse people , d’Internet et des réseaux sociaux, le droit au respect de la vie privée est régulièrement mis à mal. Pourtant, depuis la loi du 17 juillet 1970 tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens, l’article 9 du Code civil énonce en son premier alinéa que « chacun a droit au respect de sa vie privée » .
En réalité, la consécration en droit français du droit au respect de la vie privée a été relativement tardive. Avant la loi du 17 juillet 1970, aucune disposition législative ne protégeait explicitement le droit au respect de la vie privée. En matière d’atteintes à la vie privée, les juges se servaient de l’ancien article 1382 du Code civil (aujourd’hui article 1240 du Code civil), qui nécessitait de prouver une faute, un dommage et le lien de causalité entre les deux. L’ancien article 1382 s’est toutefois révélé insuffisant pour sanctionner efficacement les atteintes à la vie privée. En particulier, les atteintes les plus graves ne pouvaient être sanctionnées pénalement (les juges ne pouvant pas créer d’infractions). Sous l’impulsion de la doctrine, le législateur est alors intervenu et la loi du 17 juillet 1970 a consacré le droit au respect de la vie privée à l’article 9 du Code civil.
Il n’est donc plus nécessaire, comme c’était le cas avant la loi du 17 juillet 1970, de prouver une faute pour que soit sanctionnée l’atteinte à la vie privée. En vertu de l’article 9 du Code civil, chaque individu a le droit au respect de sa vie privée. Le droit au respect de la vie privée est un véritable droit de la personnalité, dont toute personne physique est titulaire. Dès lors, la simple violation de la vie privée d’une personne est sanctionnable. Cette violation est caractérisée par une immixtion dans la vie privée d’une personne sans autorisation préalable.
Aujourd’hui, le droit au respect de la vie privée constitue un principe fondamental en droit français. Outre l’article 9 du Code civil, il est protégé par d’autres textes. A titre d’exemple, l’article 226-1 du Code pénal sanctionne le fait de porter volontairement atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui en captant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, des paroles prononcées à titre privé ou confidentiel, ou en fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé. Par ailleurs, le domaine de la vie privée ne cesse d’être étendu par la jurisprudence, qui, ce faisant, donne une importance croissante au droit au respect de la vie privée. Enfin, le droit au respect de la vie privée est également consacré en droit international.
On peut toutefois remarquer que le droit au respect de la vie privée peut entrer en conflit avec d’autres droits et libertés, comme la liberté d’expression, la liberté de la presse et le droit à l’information du public. Dans ce genre de situations, les juges devront rechercher un équilibre, et « privilégier la solution la plus protectrice de l’intérêt le plus légitime » (Cass. Civ. 1ère, 9 juillet 2003). Dès lors, le droit au respect de la vie privée pourra être relégué au second plan si le droit avec lequel il entre en opposition mérite davantage d’être protégé.
La question se pose donc de savoir si le droit au respect de la vie privée est absolu ou s’il comporte des limites.
En réalité, si le droit au respect de la vie privée a été consacré comme un principe général (I), il n’en demeure pas moins qu’il est assorti d’un certain nombre de limites (II).
I) Le principe général du droit au respect de la vie privée
Le droit au respect de la vie privée est consacré aussi bien en droit interne qu’en droit communautaire et international, et protège tous les individus (A). En outre, le domaine d’application du droit au respect de la vie privée est large et est régulièrement étendu par la jurisprudence (B).
A) La consécration générale du droit au respect de la vie privée
Ainsi que nous l’avons mentionné plus haut, l’article 9 du Code civil dispose que « chacun a droit au respect de sa vie privée » .
Ce principe a valeur constitutionnelle. En effet, si le droit au respect de la vie privée est absent de la Constitution de 1958 et du préambule de la Constitution de 1946, il a progressivement été consacré par la jurisprudence du Conseil Constitutionnel. Ainsi, dans une décision n° 94-352 DC du 18 janvier 1995, le Conseil Constitutionnel affirmait déjà que « la méconnaissance du droit au respect de la vie privée peut être de nature à porter atteinte à la liberté individuelle ». Plus tard, dans une décision n° 99-416 DC du 23 juillet 1999, le Conseil Constitutionnel rattachera le droit au respect de la vie privée à l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui inclut la liberté au sein des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Aujourd’hui, le Conseil Constitutionnel n’hésite pas à préciser que la liberté proclamée par cet article « implique le respect de la vie privée » (Cons. const., 30 mars 2012, n° 2012-227 QPC) ou que le droit au respect de la vie privée est protégé par l’article 2 de la Déclaration de 1789 (Cons. const., 25 mars 2014, n° 2014-693).
Le droit au respect de la vie privée a également été consacré par la jurisprudence. On peut citer le célèbre arrêt de la première chambre civile de la Cour de cassation en date du 23 octobre 1990, selon lequel « toute personne, quels que soient son rang, sa naissance, sa fortune, ses fonctions présentes ou à venir, a droit au respect de sa vie privée ».
Enfin, le droit au respect de la vie privée fait l’objet d’une consécration en droit communautaire et international. Il figure à l’article 7 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ( « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de ses communications » ). On le retrouve également à l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme selon lequel « toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance » , ou encore à l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ( « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. ») .
A travers l’ensemble de ces formulations, on remarque que le droit au respect de la vie privée s’applique à « chacun » , à « toute personne » . Il est consacré comme un droit qui protège tous les individus.
Non seulement le droit au respect de la vie privée a été consacré comme un droit à portée générale, mais son domaine d’application ne cesse de s’étendre.
B) L’extension continue du domaine de la vie privée
La loi ne donne pas de définition de la notion de vie privée. Dès lors, le domaine de la vie privée a été précisé par la jurisprudence, qui en a progressivement étendu les contours.
Aujourd’hui, la vie privée englobe le domicile (Cass. Civ. 2 ème , 5 juin 2003 : la publication dans la presse de la photographie de la résidence d’une personne, avec le nom du propriétaire et sa localisation, constitue une atteinte à la vie privée de cette personne), la religion (Cass. Civ. 1 ère , 6 mars 2001), la sexualité, l’orientation sexuelle (CEDH, 25 mars 1992, Botella c/ France : le refus de retranscrire un changement de sexe à l’état civil est une atteinte à la vie privée), la vie sentimentale, étant entendu que cette notion englobe toutes les relations affectives (Cass. Civ. 1 ère , 6 oct. 1998 : la diffusion d’une lettre confidentielle dont l’objet était de révéler une situation de concubinage représente une atteinte au droit au respect de la vie privée), ou encore l’état de santé (CA Paris, ord. réf., 13 mars 1996 : la révélation par un médecin d’éléments couverts par le secret médical constitue une atteinte à la vie privée du patient).
On peut également citer les correspondances. A ce titre, l’article 7 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme et l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme sont clairs puisqu’ils mentionnent explicitement que toute personne a droit au secret de ses correspondances. Ce principe a été renforcé par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, qui sanctionne sur le fondement de l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme la violation des correspondances (CEDH, 2 août 1984, Malone c/ Royaume-Uni). En outre, le secret des correspondances s’applique, en plus des communications écrites et téléphoniques, aux communications électroniques (TGI Paris, 2 nov. 2000 : « l’envoi de messages électroniques de personne à personne constitue de la correspondance privée » ).
On pourrait encore citer la protection des données personnelles, qui a été renforcée par l’entrée en vigueur, le 25 mai 2018, du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Il est donc clair que le domaine de la vie privée, et donc le champ d’application du droit au respect de la vie privée, est vaste.
La portée du droit au respect de la vie privée est donc particulièrement générale. Le droit au respect de la vie privée concerne tous les individus et a vocation à s’appliquer dans de nombreuses situations (I). Toutefois, le droit au respect de la vie privée n’est pas un droit absolu. Son application se verra parfois contrecarrée par un certain nombre de limites (II).
II) Les limites du droit au respect de la vie privée
Le droit au respect de la vie privée ne prime pas toujours sur les autres droits et libertés avec lesquels il entre en conflit. Dans ce genre de cas, son application pourra se voir limitée (A). Par ailleurs, le droit au respect de la vie privée est également limité par le régime de preuve et les sanctions des atteintes à la vie privée (B).
A) Les autres droits et libertés opposés au droit au respect de la vie privée
Le droit au respect de la vie privée peut se voir limité par différents droits et libertés.
En premier lieu, le droit au respect de la vie privée doit se concilier avec la liberté d’expression, la liberté de la presse et le droit à l’information du public. En principe, le premier prime sur les autres ; le droit à l’information ne justifie pas la publication d’éléments relevant de la vie privée. Mais cette primauté cède dans le cas des personnes publiques quand elles sont en public dans l’exercice de leur activité (un sportif pendant un évènement sportif, un acteur pendant une soirée de remise des prix…). Ainsi, l’application du droit au respect de la vie privée est écartée si la publication, bien que révélatrice d’une relation sentimentale, porte sur un événement public (Cass. Civ. 1 ère , 1 er mars 2017). De même, la publication d’informations relatives à l’existence d’un enfant naturel du Prince Albert de Monaco ne constitue pas une atteinte à la vie privée de ce dernier en raison du caractère héréditaire de ses fonctions de chef d’État (CEDH, 10 nov. 2015, Couderc et Hachette Filipacchi Associés c/ France, n o 40454/07).
En second lieu, le droit au respect de la vie privée peut parfois être limité dans le cadre de la sphère professionnelle. Ainsi, l’employeur a le droit de s’immiscer dans la vie privée de ses employés à certains égards. Il pourra par exemple imposer à ses employés une tenue vestimentaire (Cass. soc., 28 mai 2003). De même, les dossiers et fichiers créés par un salarié à l’aide de son ordinateur de travail sont présumés, sauf si le salarié les identifie comme étant personnels, avoir un caractère professionnel. Ainsi, l’employeur peut y avoir accès sans demander l’autorisation (Cass. soc., 19 juin 2013, n° 12-12139).
En troisième lieu, le droit au respect de la vie privée peut entrer en opposition avec le droit à la preuve. La question qui se pose est la suivante : peut-on accepter qu’une partie à un procès produise des preuves qui portent atteinte à la vie privée de son adversaire ? La Cour de cassation a répondu à cette question par l’affirmative : la production de preuves constituant une atteinte à la vie privée est justifiée si elle est indispensable à l’exercice du droit à la preuve et que l’atteinte est proportionnée au but poursuivi (Cass. Civ. 1ère, 25 févr. 2016, n° 15-12.403).
Ainsi, l’application du droit au respect de la vie privée se voit limitée par les autres droits et libertés avec lesquels il entre en conflit. C’est également le cas en raison du régime de preuve et de la relative efficacité des sanctions des atteintes à la vie privée.
B) Le régime de preuve et les sanctions des atteintes à la vie privée
L’article 9 alinéa 2 du Code civil prévoit que « les juges peuvent, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire cesser une atteinte à l’intimité de la vie privée : ces mesures peuvent, s’il y a urgence, être ordonnées en référé » .
Toutefois, pour que ces sanctions soient prononcées, il faut que l’atteinte à la vie privée soit prouvée. A ce titre, il ne suffit pas de démontrer une immixtion dans la vie privée. Il faut également vérifier l’absence d’autorisation préalable de ladite immixtion. En effet, chaque personne peut librement autoriser des atteintes à sa vie privée. Dès lors, en présence d’une autorisation expresse, l’atteinte à la vie privée ne pourra pas être caractérisée.
Par ailleurs, comme l’énonce clairement l’article 9 alinéa 2 du Code civil, une atteinte à la vie privée peut donner lieu, sur le plan civil, à deux types de sanctions. D’abord, la victime peut prétendre à la réparation du préjudice subi, c’est-à-dire à l’allocation de dommages-intérêts. Si, comme on l’a évoqué précédemment, la constatation de l’atteinte à la vie privée est suffisante pour engager la responsabilité de son auteur (sans qu’il soit nécessaire de caractériser la faute), il n’en demeure pas moins qu’il faut bien établir un préjudice pour que la victime puisse obtenir réparation. A ce titre, la détermination du préjudice est souvent difficile et ne compense pas toujours l’ampleur de l’atteinte. En particulier, les profits générés par la révélation d’informations privées sont souvent bien supérieurs aux dommages-intérêts décidés par les juges (on pense notamment aux magazines people qui sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires). Ensuite, la victime peut également prétendre à un certain nombre de mesures qui ont pour but de faire cesser l’atteinte à la vie privée (comme un séquestre ou une saisie).
Ces sanctions ne peuvent toutefois intervenir que de manière exceptionnelle, en cas d’atteinte particulièrement grave à la vie privée. Ainsi, dans de nombreux cas d’atteintes à la vie privée, elles ne seront pas prononcées par les juges.
On voit donc que les sanctions civiles de l’atteinte à la vie privée ne sont pas réellement dissuasives. C’est également le cas en ce qui concerne les sanctions pénales. L’article 226-1 du Code pénal dispose qu’ « est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait, au moyen d’un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui : 1° En captant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, des paroles prononcées à titre privé ou confidentiel ; 2° En fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé. Lorsque les actes mentionnés au présent article ont été accomplis au vu et au su des intéressés sans qu’ils s’y soient opposés, alors qu’ils étaient en mesure de le faire, le consentement de ceux-ci est présumé. » Pour qu’il y ait sanction, il faut donc qu’il y ait une atteinte volontaire à la vie privée réalisée selon certains procédés bien précis (captation ou enregistrement sans le consentement de la personne, en sachant que le consentement est présumé quand l’atteinte est réalisée devant la personne et que celle-ci ne montre pas une opposition).
Ainsi, aussi bien les sanctions civiles que pénales n’interviennent que de manière exceptionnelle, et contribuent à limiter l’efficacité du droit au respect de la vie privée.
C’est tout pour cet exemple de dissertation juridique !
J’espère que cela vous aura aidé à mieux comprendre ce qu’est une dissertation juridique, et comment il faut la rédiger.
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Je m’appelle Maxime Bizeau, et je suis avocat de formation, diplômé de l’école d’avocats du Barreau de Paris .
Après mon bac, je me suis lancé dans l’aventure de la licence de droit.
Mais très vite, je me suis senti submergé par la charge de travail . Des centaines et des centaines de pages à apprendre, sans savoir sur quoi se focaliser, sans savoir ce qui était réellement important et ce qui ne l'était pas.
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J’ai donc décidé de changer ma méthode de travail. Plutôt que d'essayer de tout retenir, j'ai commencé à ficher mes cours régulièrement, et à relire ensuite mes fiches avant les examens.
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Avi Bitton Avocat, Ancien Membre du Conseil de l’Ordre
Courriel : avocat chez avibitton.com Site : https://www.avibitton.com
Par avi bitton, avocat..
11644 lectures 1re Parution: 9 décembre 2019 Modifié: 12 décembre 2019 Lecture "Tous publics" 4.16 /5
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L’objet de cet article est d’apporter un éclairage sur les crimes de meurtre et assassinat : quels sont les éléments constitutifs ? quels sont les peines encourues ? quel est le délai de prescription ?
4824 caractères
L’article 221-1 du Code pénal dispose :
« Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. Il est puni de trente ans de réclusion criminelle . »
L’article 221-1 du Code pénal incrimine un fait, ce qui exclut toute abstention. Ainsi, les abstentions ayant conduit à la mort de la victime sont incriminées par d’autres textes (non-assistance à personne en danger…).
La manière dont la mort est donnée, par des coups, une arme à feu, une arme blanche, est indifférente. Seul l’empoisonnement fait l’objet d’une incrimination spécifique (article 221-5 du Code pénal).
Selon la jurisprudence, « un homicide volontaire peut résulter de moyens multiples et successifs employés pendant un temps plus ou moins long, ce qui implique que le crime n’est pas nécessairement commis en un lieu unique ». (Crim. 9 juin 1977, n°77-91.008).
Les actes positifs mis en œuvre par l’auteur doivent en outre aboutir à la mort d’autrui.
L’auteur doit avoir non seulement conscience de la violation de la loi pénale mais surtout être animé par la volonté de tuer (l’animus necandi). Un lien de causalité entre la volonté de tuer, les violences perpétrées et le décès de la victime doit également être établi (Crim. 8 janv. 1991, n°90-80.075).
L’intention homicide peut être déduite de l’arme utilisée et de la partie du corps de la victime vers laquelle les coups ont été dirigés (Crim. 18 juin 1991, Crim. 15 mars 2017, n°16-87.694). Elle peut également être déduite de la force avec laquelle les coups ont été portés (Crim. 9 janv. 1990, n°89-15.889).
Le mobile est indifférent. Ainsi, l’intention homicide sera caractérisée y compris dans l’hypothèse où la personne atteinte par le coup n’est pas celle que l’auteur avait l’intention de tuer (abberatio ictus, Crim. 31 janv. 1835, Crim. 4 janv. 1978).
Le consentement de la victime de l’homicide est également indifférent. En effet, " si le suicide n’est pas punissable, le fait de donner la mort à un tiers à sa demande constitue un homicide volontaire " (Toulouse, 9 août 1973). Tel était également le cas de l’homicide commis dans le cadre d’un duel (Crim. Ch. Réu. 15 déc. 1837).
1. Tentative.
La tentative de meurtre est punissable. Tel est ainsi le cas de la personne qui exerce des violences sur une autre dans le but de la tuer, la pensant encore en vie, sans savoir que la victime est décédée avant ces violences (Crim. 16 janv. 1986). La mort antérieure de la victime est en effet une circonstance indépendante de la volonté de l’auteur.
L’article 221-1 du Code pénal prévoit une peine de réclusion criminelle d’une durée de 30 ans. Les articles 221-2, 221-3 et 221-4 du Code pénal prévoient des circonstances aggravantes, faisant encourir à leur auteur une peine de réclusion à perpétuité. Tel est le cas en cas de crime concomitant au meurtre ou permettant de préparer, faciliter un délit, de favoriser la fuite.
Tel est également le cas de l’assassinat, définit par l’article 221-3 comme « un meurtre commis avec préméditation ou guet-apens ». L’article 132-72 définit la préméditation comme « le dessein formé avant l’action de commettre un crime ou un délit déterminé ».
L’article 221-4 du Code pénal prévoit des circonstances aggravantes, eut égard à la victime (mineur de 15 ans, ascendant, personne vulnérable, personne exerçant une fonction judiciaire, militaire ou policier, un enseignant, un personnel de santé, les ascendants ou les descendants de ces personnes, sur un témoin une victime ou une partie civile pour l’empêcher de porter les faits à la connaissance de la justice), mais aussi eut égard à l’auteur (bande organisée, par le conjoint ou l’époux).
L’article 221-4 du Code pénal prévoit en outre la possibilité pour la Cour d’assises, de prononcer une période de sûreté allant jusqu’à 30 ans, lorsque la victime est un mineur de 15 ans et que le meurtre est précédé ou accompagné d’un viol, de tortures ou d’actes de barbarie, lorsque le meurtre a été commis en bande organisée par une personne exerçant des fonctions de justice ou de police, un dépositaire de l’autorité publique.
3. Prescription.
Depuis la loi du 27 février 2017, l’article 7 du Code de procédure pénale prévoit que le délai de prescription de l’action publique est de 20 ans, à compter du jour de la mort.
Avi Bitton, Avocat au Barreau de Paris Ancien Membre du Conseil de l’Ordre Courriel : avocat chez avibitton.com Site : https://www.avibitton.com
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Elément légal : article 221-1 du CP / Crime / RC 30 ans. Elément matériel : Elément moral : l’intention doit être le résultat d’une volonté délibérée, en concomitance avec l’acte matériel dont l’exécution traduit effectivement l’intention de donner la mort avec conscience de l’effet qui suivra l’acte.. Tentative : elle est punissable, s’agissant d’un crime. • meurtre avec préméditation : assassinat ; (art. 221-3 du CP) Peines complémentaires : art 221-8, art 221-9 et art 211-11 du CP sont applicables Elément légal : article 221-5 du CP / Crime / RC 30 ans Elément matériel : Elément moral : l’auteur doit agir avec la volonté d’attenter à la vie de victime. Tentative : elle est punissable, s’agissant d’un crime. • empoisonnement avec préméditation ; (art. 221-3 du CP)
• empoisonnement sur un témoin, une victime ou une partie civile, soit pour l’empêcher de dénoncer les faits, de porter plainte ou de déposer en justice, soit en raison de sa dénonciation, de sa plainte ou de sa déposition. (art. 221-4, 5° du CP) Peines complémentaires : art 221-8 , 221-9 et 221-11 du CP sont applicables. | |
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En plus de l’avoir elle-même harcelée, l’Université du Québec à Montréal a abandonné à son sort une correctrice aux prises avec un groupe d’étudiants insatisfaits des notes qu’elle leur avait attribuées.
Voilà ce que conclut en substance un arbitre de griefs dans une décision récente , qui s’est soldée par une condamnation de l’Université à payer 4 000 $ à titre de dommages moraux pour harcèlement psychologique.
L’intérêt présenté par cette décision n’est pas tant l’analyse que fait l’arbitre de la conduite de l’employeur, mais bien son appréciation du caractère vexatoire des multiples éléments invoqués par le syndicat.
En effet, la correctrice reprochait à certains étudiants des propos sexistes, racistes, discriminatoires ou harcelants formulés en personne ainsi que dans des courriels ou des réponses données lors de travaux et d’examens.
Or, le cours portait sur le féminisme noir, l’approche était fondée sur l’analyse de stéréotypes racistes, nombre des étudiants étaient néophytes et la correctrice était une femme racisée.
En d’autres termes, les tâches professionnelles de la correctrice impliquaient d’être exposée «à répétition» à des dissertations, plus ou moins habiles, sur un sujet explosif et comportant de nombreux aspects qui la touchaient personnellement.
Le risque d’être blessée par certains propos paraît évident.
Devant un groupe d’étudiants frustrés ou inquiets et sous la gouverne d’un employeur passif, le dérapage était presque annoncé.
Il restait à l’arbitre à faire la part des choses, à cerner ce qui, dans un amalgame d’incidents de toutes sortes, au sens de la Loi sur les normes du travail , constituait une véritable conduite malveillante, destinée à blesser et à humilier.
Selon lui, certains éléments invoqués constituaient l’expression d’une réaction naturelle à la réception de résultats décevants, et non une conduite vexatoire:
[207] On ne peut mettre en doute le malaise et même la contrariété ressentis par la plaignante devant ce qu’elle perçoit du climat de la salle et en raison du commentaire qui a été fait concernant l’incohérence des résultats du premier examen. [208] Cependant, examinées du point de vue de la personne raisonnable, et surtout prises dans le contexte, les réactions négatives des étudiants, voire intempestives pour certains d’eux, constituent un effet prévisible et même compréhensible compte tenu des résultats qui leur sont annoncés ce jour-là. […]
Il a également écarté du lot les entorses à la civilité:
[214] En soi, le Tribunal estime que la démarche de l’étudiant ne peut, à elle seule, être assimilée à un comportement harcelant. Le ton employé dans le courriel est certes discutable. Outre le tutoiement et le ton familier utilisé, il n’y a cependant pas de propos humiliants et blessants visant M me Étémé. […]
Il en a été de même pour l’expression de critiques à l’égard de l’exercice de correction:
[218] […] La critique des outils, des normes et du mode de correction constitue aussi une pratique qui, dans un cadre universitaire, est normale et n’a pas à être qualifiée d’humiliante ou blessante.
Sans jamais mettre en doute la sincérité de la plaignante, l’arbitre a également rejeté la caractérisation que le syndicat faisait du contenu de certains travaux ou de certaines réponses d’examen, que la plaignante estimait blessantes et truffées de d’affirmations «épousant les stéréotypes coloniaux».
À cet égard, l’arbitre a souligné la nature de l’exercice qui était demandé aux étudiants, leur manque de familiarité avec le sujet et la latitude relative que leur accordait la liberté universitaire dans l’expression de leurs idées:
[241] Il est donc peu étonnant que les étudiants […] fassent des affirmations qui, prises hors contexte, peuvent être perçues comme étant racistes. […] [244] Le Tribunal a remarqué une évidente difficulté de certains étudiants à élaborer sur des concepts somme toute assez savants. Certaines copies révèlent aussi une grande maladresse dans l’expression des réponses et il faut convenir que certaines affirmations, que la plaignante qualifie de «projections personnelles», peuvent être la résultante d’un préjugé de l’étudiante ou de l’étudiant concerné. [245] Il ne faut cependant pas confondre propos racistes ou misogynes avec maladresse, méconnaissance de la matière, voire paresse intellectuelle. […] […] [248] Il faut par ailleurs reconnaître une certaine latitude aux étudiants dans l’expression de leurs opinions dans le cadre de la liberté académique qui, si elle est d’abord l’apanage de ceux qui enseignent, s’étend aussi à ceux qui s’instruisent.
Cela étant dit, l’arbitre a estimé que l’un des élèves avait franchi à 2 reprises la limite permise par la loi dans ses interactions avec la correctrice.
D’abord, en soulignant, lors d’une rencontre individuelle, que celle-ci provenait de l’étranger et en affirmant que le mode de correction n’était pas le même «ici»:
[225] Plus particulièrement, à la lumière des événements qui suivront, le qualificatif d’étrangère qu’emploie l’étudiant est clairement un propos dénigrant, au surplus fondé sur un jugement xénophobe.
Ensuite, en insérant dans ses réponses d’examens des affirmations blessantes et humiliantes, dont certaines étaient directement adressées à la correctrice:
[287] Sous le couvert d’une démonstration qui se voulait savante, l’étudiant a fait une association délibérée des femmes noires avec la race canine qui est une assertion violente à sa face même. Il est raisonnable de comprendre que M me Étémé ait été vexée par ces propos dont l’hostilité est manifeste. [288] Au surplus, le comportement est aggravé par la personnalisation qu’il fait de son propos. En effet, sa suggestion voulant que l’implication de M me Étémé dans des études universitaires et ses tâches de correctrices soient animées par l’opportunité de pouvoir, si elle devient professeure titulaire, faire profiter les jeunes féministes noires de contrats et de bourses n’est rien de moins qu’odieux.
En somme, cet étudiant avait instrumentalisé le sujet du cours et s’en était servi comme d’une arme pour blesser et humilier.
Saisi d’un sujet hautement sensible et appelé à qualifier des faits en litige (propos racistes ou sexistes) qui se fondaient à certains égards dans le contexte (dissertation sur le racisme), l’arbitre a livré un exercice d’appréciation convaincant et nuancé.
Alliance de la fonction publique du Canada (SETUE) et Université du Québec à Montréal (Gaëlle Solange Étémé Lebogo) , (T.A., 2022-12-09), 2022 QCTA 535, SOQUIJ AZ-51900444, 2023EXP-189, 2023EXPT-147.
SOQUIJ | 67 billet(s)
Philippe Buist est conseiller juridique à SOQUIJ depuis 2012. Il a auparavant pratiqué le droit commercial en cabinet privé, plus particulièrement en matière de litige et de redressement d’entreprises. Il s’intéresse particulièrement aux domaines des relations du travail, de la faillite et de l’insolvabilité ainsi que des valeurs mobilières.
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Documents sur le thème juridique assassinat : tous les cas pratique, mémoire, dissertation disponibles sur Doc du Juriste. ... L'empoisonnement est-il une forme particulière de meurtre ou d'assassinat? Dissertation - 4 pages - Droit pénal.
Alors que « le meurtre est puni d'une peine d'emprisonnement de onze a trente ans » ( article 512-16 du code pénal ), l'assassinat est quant a lui puni d'une peine d'emprisonnement à vie ( article 512-15 du code pénal ). Cependant il est à noter que le parricide et l'infanticide sont punis au même titre que l'assassinat.
L'article 221-3 dit que « le meurtre commis avec préméditation constitue un assassinat ». Pour certains auteurs l'assassinat est donc une infraction a part entière. Il y a des peines complémentaires. — Déchéance de nationalité (bientôt), confiscation de l'objet etc.. La loi prévoit un cas d'exemption légale de peine.
La préméditation est au cœur d'un procès pour assassinat. La défense va se battre pour démontrer qu'au contraire s'il y a eu un meurtre, il n'a pas été prémédité. La question de la culpabilité est différente et n'est l'objet de cette page. Pour démonter la thèse de la préméditation, il faut arriver à caractériser ...
B. Le régime juridique du meurtre 1. Les peines 2. Les autres aspects du régime juridique II) L'assassinat A. La notion de préméditation B. Le régime juridique de l'assassinat III) Les meurtres aggravés A. Les aggravations liées à la victime 1. Le jeune âge de la victime 2. La parenté avec l'auteur 3. Le cas de la victime vulnérable 4.
Cette distinction entre un assassinat et un meurtre est particulièrement importante au regard des peines encourues par l'auteur du crime : si le meurtre est en principe passible de 30 ans de prison, l'assassinat est passible de la réclusion criminelle à perpétuité. C'est la même juridiction qui est néanmoins compétente pour juger ces ...
L'introduction de la dissertation juridique. L'introduction comprend 6 étapes qui s'enchaînent de manière logique. Ces 6 étapes sont les suivantes : l' accroche. Il s'agit ici d'évoquer une actualité, ou de donner une citation. Une bonne accroche éveille la curiosité et suscite l'intérêt du correcteur.
Dissertation de 8 pages en droit pénal publié le 11 février 2010 : Le meurtre en droit pénal spécial. ... Il subsiste une qualification spéciale de meurtre qui est l'assassinat qui est un meurtre prémédité. ... elle n'a plus la même portée. La notion de personne juridique est très proche de celle de personne humaine, les ...
Le but d'une dissertation de droit. L'objet de la dissertation juridique est triple : exposer, ordonner et démontrer. L'épreuve de la dissertation juridique a pour but de tester vos connaissances, mais surtout de tester votre aptitude à les présenter, les organiser et les utiliser. Il s'agit d'un exercice d'analyse et de synthèse.
Une introduction de dissertation de droit comprend : une accroche ; la définition des termes ; le contexte historique ; l'intérêt du sujet ; la problématique et ; l'annonce du plan. Conseil : n'oubliez pas que votre introduction (comme le reste de votre dissertation de droit) doit être irréprochable.
Bien souvent, il vous faudra chercher à droite et à gauche. Le sujet n'aura pas été nécessairement exposé sous la forme dans laquelle il vous est proposé. Il vous faudra souvent puiser les éléments de votre dissertation dans deux ou plusieurs chapitres différents de votre cours.
Voici des exemples complets de dissertations juridiques que vous pouvez consulter et télécharger pour comprendre ce qui est attendu. Inspirez-vous, sans plagier ! Ces exemples sont là pour vous aider, mais ne faites pas de copier-coller. Il est important de ne pas commettre de plagiat. Une dissertation sans erreur.
En droit français, l'assassinat est défini par l'article 221-3 du code pénal comme un meurtre prévu et préparé par son auteur [21].Il suppose donc la préméditation, c'est-à-dire la prise de décision de tuer autrui et la réflexion sur la mise en œuvre de cette décision.Depuis la loi du 17 mai 2011, l'assassinat désigne également le meurtre commis avec guet-apens, qui constitue ...
L'homicide, le meurtre et l'assassinat : Quelle distinction? La vie humaine est sacrée et nul n'a le droit de l'ôter à autrui pour quelques raisons que ce soit. Cette affirmation qui pourrait justifier l'abolition récente de la peine de mort au Burkina Faso n'est pas toujours respectée en
Comme le rappelle avec évidence le professeur Mayaud, « l'auteur d'un meurtre se défendra toujours de ne pas avoir voulu la mort de la victime, même s'il avait l'intention d'attenter à son intégrité physique » (Mayaud, rép. pén, meurtre n° 64). Au-delà de la volonté des actes violences, la présence ou l'absence d'une intention ...
17 Sept. 2021 Droit pénal Conseils juridiques. La phrase d'accroche d'une dissertation est primordiale puisqu'elle permet de donner le ton à votre devoir, mais également d'attirer le lecteur. De plus, l'accroche permet de se démarquer dans sa rédaction et de faire preuve de créativité dans un devoir. De manière générale, l'accroche ...
Vous trouverez ci-dessous un exemple de dissertation juridique pour le sujet suivant : « Chacun a droit au respect de sa vie privée ». Le but est de vous aider à comprendre à quoi doit ressembler une dissertation juridique et comment il faut rédiger sa dissertation. Vous remarquerez également, à travers l'exemple de dissertation ci ...
Prescription. Depuis la loi du 27 février 2017, l'article 7 du Code de procédure pénale prévoit que le délai de prescription de l'action publique est de 20 ans, à compter du jour de la mort. Avi Bitton. Avocat, Ancien Membre du Conseil de l'Ordre. Courriel : avocat chez avibitton.com.
Le droit et les animaux « De l'assassinat d'un animal à celui d'un homme, il n'y a qu'un pas » ainsi fut la pensée de Léon Tolstoï, considérant que ce qu'il y-a d'inhumain en tuant un homme, se reflète également chez les animaux étant tout comme les hommes, des êtres protégés, ce qui laisse croire qu'ils sont soumis au même droit et régime que celui des êtres humains.
Nous savons maintenant que le meurtre (et l'assassinat) et l'empoisonnement est incriminé dans le Code pénal à des articles différents. Concernant le meurtre, l'article 221-1 indique clairement que l'acte homicide consiste à donner la mort Ceci n'est pas défini non plus dans la loi, mais la jurisprudence et la doctrine sont d'avis commun ...
Définition : le meurtre est le fait de donner volontairement la mort à autrui. Elément moral : l'intention doit être le résultat d'une volonté délibérée, en concomitance avec l'acte matériel dont l'exécution traduit effectivement l'intention de donner la mort avec conscience de l'effet qui suivra l'acte..
Documents sur le thème juridique projet d'assassinat : tous les commentaire d'arrêt, mémoire, cas pratique disponibles sur Doc du Juriste ... Dissertation - 13 pages - Droit civil. L'analyse de l'ensemble des rapports est claire : ils se prononcent contre une légitimation, à quel que titre que ce soit, de l'euthanasie, mais en faveur des ...
Dissertation assassine. En plus de l'avoir elle-même harcelée, l'Université du Québec à Montréal a abandonné à son sort une correctrice aux prises avec un groupe d'étudiants insatisfaits des notes qu'elle leur avait attribuées. Voilà ce que conclut en substance un arbitre de griefs dans une décision récente, qui s'est ...